Quatre fois millénaire, l’Acupuncture Traditionnelle Chinoise est fondée sur les grandes lois de l’énergétique (rythmes saisonniers) et la pulsologie (prise de pouls).

Les principaux outils de l’acupuncteur sont les aiguilles traditionnelles d’acupuncture, les moxas et le calendrier soli-lunaire chinois.


Autrefois répandue dans toute la Chine elle a, depuis la révolution communiste, presque disparue de Chine populaire (où elle a été remplacée dans les hôpitaux par une acupuncture symptomatique) mais reste très pratiquée en Corée du Sud, à Taïwan et Hong-Kong. A cause de cette dérive symptomatique des citoyens chinois sont venus ces dernières années en France se former à la véritable Acupuncture Traditionnelle.

En occident nous attachons une importance primordiale à l’objet alors que les Chinois, depuis des millénaires, perçoivent la vie en tant que mouvement énergétique. Ces deux façons de se relier à l’existence vont avoir des conséquences sur la manière d’envisager la santé. En présence d’un déséquilibre, le médecin occidental va appréhender notre corps en tant qu’objet, entreprendre des analyses matériellement vérifiables pour voir « ce qui ne va pas » et intervenir de manière concrète à l’aide de médicaments, de la chirurgie etc. L’acupuncteur traditionnel, lui, va rechercher les déséquilibres énergétiques qui sont à l’origine du trouble et effectuer les rééquilibrages nécessaires en s’attachant à la fonction des organes plutôt qu’à leur structure. En ce sens, l’Acupuncture Traditionnelle Chinoise est différente de l’acupuncture symptomatique.

L’acupuncture symptomatique consiste à utiliser des « points recettes » en rapport avec une affection déterminée, puis à établir des protocoles que les praticiens vont pouvoir utiliser ensuite dans leur pratique en cabinet ou à l’hôpital. Elle est fondée sur l’empirisme, se veut scientifique et n’admet d’autre réalité que celle observable par les cinq sens. Elle ne reconnait pas vraiment le Qi (le Souffle) sauf, peut-être, dans ses aspects les plus matériels oubien le considère comme une « notion », c’est-à-dire comme un concept que l’on accepte sur le plan intellectuel sans trop savoir à quoi il correspond concrètement. L’action de l’acupuncture est expliquée par les uns comme étant due à une augmentation de la teneur en adénosine, un anti-douleur naturel sécrété par certaines cellules, quand d’autres scientifiques évoquent une action analgésique provoquée par l’augmentation des taux d’endorphines et de sérotonine.

 L’Acupuncture Traditionnelle Chinoise se différencie de l’acupuncture symptomatique et de sa vision matérialiste par une approche globale du patient, ainsi que par une interprétation des symptômes liés à sa pathologie. Cela signifie que pour l’acupuncteur qui pratique dans cet état d’esprit, le Qi est une réalité vécue dans sa vie quotidienne et, à fortiori, quand il puncture un patient.  Car bien plus que l’aiguille et le point c’est avant tout le Qi qui agit. 

Comme l’écrit Itsuo Tsuda : “Le Qi n’est pas une idée obtenue à la suite d’un effort intellectuel d’induction. Le Qi est primaire. C’est ce qu’on sent, antérieurement à toute réflexion… A ce point de vue tout le monde a le Qi, sans que cela donne lieu à des discussions extrêmement savantes de savoir s’il existe en tant que substance ou ondulation. C’est un terme neutre qu’on utilise pour constater un état. Ce n’est pas un concept qu’on analyse et qu’on généralise. C’est un non-concept.” (La voie du dépouillement, Paris, le courrier du livre, 1975, p. 30)

L’acupuncteur traditionnel a confiance dans la sagesse ancestrale, la respecte dans tous ses aspects et ne cesse d’explorer les mouvements de l’Energie à travers une discipline quotidienne. A ce moment là, il n’est plus question de « points recettes » ou de « protocole » quand on a un patient devant soi, mais d’une rencontre de deux êtres humains entre lesquels va s’établir une relation thérapeute-patient où toute l’intelligence de la Tradition Chinoise sera mise à profit. Il n’y a pas deux patients qui se ressemblent et, pour une affection particulière, il n’y a pas un traitement identique.

Lorsqu’on parle du Qi, la principale objection que l’on rencontre est qu’il ne correspond à rien d’observable concrètement et ne peut donc être « mesuré » ou « quantifié » comme le serait, par exemple, un gaz. Et même si « l’absence de preuve n’est pas la preuve d’absence » (Martin Rees) il est difficile pour beaucoup de saisir ce que serait cette mystérieuse énergie (du grec energeia, « force en action ») dont il est fait mention dans la Tradition Chinoise. Pour cela il faut comprendre que nous subissons en occident, et particulièrement en France (à travers l’éducation, les médias etc.), un conditionnement puissant pour nous inciter à croire que l’objet matériel est la seule réalité et que tout le reste est illusoire. On nous enseigne par exemple que la conscience est un produit du cerveau (et dépendante de lui) et non que le corps apparait dans la conscience qui lui préexiste. Il est primordial de sortir de ces limites si nous souhaitons appréhender d’autres réalités. Il faut travailler le Qi à travers des exercices adéquats si l’on veut sentir ses mouvements à la surface ainsi qu’à l’intérieur du corps. Cela peut prendre du temps selon les individus d’où la nécessité de pratiquer ces exercices régulièrement de façon à ce qu’un état approprié s’installe en nous. Sinon, on en restera à une compréhension intellectuelle qui ne sera d’aucune valeur ni d’aucune utilité pratique. On pourrait faire une analogie avec la théorie du chevalier de Lamarck d’après laquelle « la fonction crée l’organe » et qu’il explique ainsi (Philosophie Zoologique, Bibliothèque 10/18, Paris, 1968) :

« …l’emploi plus fréquent et soutenu d’un organe, le développe, l’agrandit et lui donne une puissance proportionnée à la durée de cet emploi, tandis que le défaut constant d’usage de tel organe l’affaiblit insensiblement, le détériore, diminue progressivement ses facultés et finit par le faire disparaître. »

 Et de prendre l’exemple de la girafe dont le cou s’est allongé pour lui permettre de brouter le feuillage des arbres sur des lieux arides où les herbages sont rares. A l’opposé, la taupe vivant sous terre est devenue pratiquement aveugle pour avoir fait très peu usage de la vue. L’éducation et le conditionnement médiatique cherchent à faire de nous des taupes condamnées à ne connaître que la réalité matérielle. A nous de prendre exemple sur la girafe en développant les potentialités qui nous permettront d’appréhender d’autres réalités.

Je n’attends pas des scientistes qu’ils partagent les informations présentées sur ce site. La France est malade du rationalisme. « C’est sous l’inspiration d’une rationalité sans âme que s’est construit le monde actuel » nous dit Pierre Rabhi. « La dernière démarche de la raison est de comprendre qu’il existe une infinité de choses qui la surpassent. » ajoute Pascal. Or, on ne peut comprendre la Chine que si l’on « vide le coeur pour remplir le ventre » (Dao De Jing, chapitre 3) c’est-à-dire si l’on quitte la sphère de l’intellect pour descendre dans le Dan Tian – le centre de gravité – où le Souffle s’accumule. A ce moment là, notre parole sera le fruit de notre vécu et non de notre croyance. Comme l’exprime si bien le professeur de médecine américain Jon Kabat-Zinn (L’Express, n°3229, p. 57) :

« Les Français se disent rationnels. Pour eux, la séparation du corps et de l’esprit est aussi évidente que celle de l’Eglise et de l’Etat.  Il faudrait qu’ils reviennent enfin sur ce dogme qui conditionne énormément la psychologie et, je crois, la médecine dans ce pays. »